Gonaïves : le service de l’ONI décrié par la population rurale

vue partielle du bureau 



Miné par des problèmes structurels, aux Gonaïves, l’unique bureau de l’Office national d’identification (ONI) peine à répondre correctement à sa mission. Des citoyens issus des cinq sections communales n’ont pas caché leur déception. Certains décident de dénoncer la corruption et exiger le respect de leurs droits. 


Depuis 2015, au centre-ville, une pièce exiguë d’un ancien bâtiment de l’hôpital La Providence abrite le bureau communal de l’ONI. Dans cet espace, cinq postes de travail sont installés. Tous les jours, sous le soleil, une longue file de citoyens se bousculent pour obtenir leur nouvelle carte d’identification nationale (CIN). L’exercice est fastidieux pour la population rurale. « Je suis là depuis 5 h a.m. Il est 2 h p.m., je suis encore dans la ligne », a déploré, à bout de souffle, une citoyenne de Labranle, 5e section. Elle dit être à son troisième essai. 

Suspicion de corruption 

Le processus d’impression et de livraison des cartes reste un casse-tête. Dans la cour, les gens ne cessent de se plaindre. Plusieurs citoyens ont accusé des policiers de favoritisme. Deux d’entre eux avaient tabassé un proche d’un handicapé qui s’étaient opposés à cette pratique. D’autres personnes ont dénoncé des employés qui auraient exigé d'eux de l’argent pour les accompagner. « Les contribuables sont méprisés. S’ils ne paient pas quelqu’un, ils ne bénéficieront pas du service de renouvellement », s’est indigné Jéthro Aurélus, président de l’association des ASEC des Gonaïves. Les victimes appellent les autorités compétentes à démanteler ce réseau. 

D’un revers de main, à micro fermé, les concernés ont rejeté les accusations. Ils soulignent que ce qui se passe dans les parages de l’institution n’engage pas le personnel. Depuis septembre, selon une source, les employés n’ont pas perçu leur salaire.  

Déconcentration du service

M. Dumarsais Marius, ASEC de Bayonnais, 3e section, s’est dit scandalisé par le mauvais traitement infligé aux contribuables. Ce dernier a condamné énergiquement l’attitude des autorités qu’il assimile à un acte de marginalisation. « Les habitants des sections ne doivent plus être traités en parent pauvre », s’est révolté M. Marius. Dans l’idée de ménager les citoyens qui parcourent de longues distances, il appelle à la déconcentration du service. Si les lignes n’ont pas bougé, dans les prochains jours, l’association des ASEC menace de soulever les administrés contre le gouvernement. 

Un bureau livré à lui-même 

Le bureau dessert une population de plus de 300 000 habitants. Dans son enceinte, on remarque le système informatique, quelques chaises et un ventilateur à peine fonctionnel. Le responsable n’a pas de casier. Il n’y a pas non plus de toilettes pour le personnel. L’institution dépend de la source d’énergie de l’Université publique de l’Artibonite aux Gonaïves (UPAG). « Quand l’université ne fonctionne pas, il nous est impossible de travailler », s’est désolé un employé. Dans un mois, les anciennes cartes seront périmées. Aucune information n’est disponible sur le nombre de cartes déjà livrées. 

JC/Le Nouvelliste

Commentaires