Godson Orélus/Le Nouvelliste |
Provisoirement, l’ancien directeur général de la Police nationale d’Haïti, Godson Orélus, a pu recouvrer sa liberté, le mardi 26 février 2019. Tandis que la cour d’appel des Gonaïves, par mesure de précaution, a ordonné le maintien en détention de Sandra Thélusma. Les deux accusés ont été incarcérés à Saint-Marc depuis quatre mois pour leur implication présumée dans l’importation illégale d’une cargaison d’armes à feu dans le pays, en septembre 2016.
M. Orélus, qui avait toujours le visage crispé, a finalement lâché son sourire. Escorté de quelques policiers et de ses proches, il n’a pas voulu s’exprimer longuement dans la presse. « Restez en silence. L’Éternel combattra pour vous » sont les seuls mots que l’ancien dignitaire a prononcé en quittant la salle d’audience.
L’un des avocats de Godson Orélus, Me Jean Eugène Jean-Louis, a salué la décision de la cour d’appel. C’est le triomphe de la justice sur le « mal absolu », a-t-il soutenu. « Nous avons franchi un premier pas. Nous allons nous battre pour obtenir la liberté définitive de notre client », a-t-il déclaré fièrement. Me Jean-Louis a promis d’accompagner M. Orélus par-devant la cour à chaque fois qu’il sera invité.
D’un autre côté, le défenseur n’a pas manqué de s’en prendre au juge d’instruction de Saint-Marc, Me Dieunel Lumérant. D’après lui, ledit magistrat s’est éclaboussé dans ce dossier. « Me Lumérant n’a pas fait preuve de compétence. Il a voulu détruire la personnalité de mon client », a-t-il lâché. Me Jean-Louis dit condamner avec véhémence cette « laideur » qui a terni l’image du système judiciaire.
Paradoxalement, Sandra Thélusma, qui rêvait de retrouver sa fillette de douze ans à la maison, doit encore rester derrière les barreaux. Selon le président de la cour, Me Octélus Dorvilien, faute de garantie formelle qu’elle comparaîtra régulièrement, les juges ont rejeté la demande en main-levée qui a été produite en sa faveur. La décision des magistrats, a souligné Me Dorvilien, n’a aucun caractère discriminatoire.
L’avocat de Mme Thélusma, Me Stevens Rosemond, s’est dit choqué par le rejet de sa requête. De son avis, l’accusée est victime de son origine familiale. « Elle n’est pas libérée parce qu’elle n’a pas de nom », s’est emporté l’avocat. Il a dénoncé la politique de deux poids, deux mesures qui gangrène l’appareil judiciaire. « Beaucoup de vagabonds obtiennent la main-levée. Tandis que des réserves sont émises sur cette citoyenne qui s’est rendue elle-même au tribunal », a regretté Me Rosemond. Il appelle la cour à auditionner sa cliente comme le souhaite le ministère public, Me Yves Martial, dans ses conclusions.
Au terme de la séance de mardi, la cour a ordonné une suspension d’audience jusqu’au mardi 12 mars 2019. Les avocats des appelants fugitifs et en état déclarent attendre avec impatience la reprise du jugement pour dédouaner leurs clients de toute suspicion.
JC/Le Nouvelliste
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