Le Taiwan à la rescousse de la riziculture dans la vallée de l’Artibonite


Une riziculture de la vallée. Photo: Google 
L’accessibilité aux semences de qualité a été toujours un casse-tête pour les riziculteurs de la Vallée de l’Artibonite, principale zone de production du pays. Conscients de ce problème, en 2013, les responsables agricoles, en partenariat avec le Taiwan, ont mis en place un projet de Renforcement des capacités pour la production des semences de riz de qualité en Haïti (RECAPSRIH). Grace à cette initiative jugée louable, les bénéficiaires maitrisent mieux les techniques de production  et l’utilisation des semences de qualité passe de -15 à 35%.


Le projet consiste à produire des semences pré-base et des semences de base. Les techniciens s’intéressent particulièrement au TCS-10, une variété ayant permis de pallier le vide créé par le riz « La Crète-à-Pierrot » qui a été détruit par la maladie de la paille noire. D’autres variétés, selon les responsables, sont produites sur demande. « Avant d’être confiées à des multiplicateurs pour la diffusion ou commercialisation, nos semences sont passées au crible d’un laboratoire d’analyse », a souligné l’Agronome Yvon Etienne, coordonnateur du RECAPSRIH.

Le bien-fondé du projet

Lors des évènements politiques de 1986, le centre semencier de Déseaux - localité de Dessalines – a été saboté. Cette situation avait affecté sa capacité de production. Jusque-là, ce centre produisait environ 600 tonnes métriques par an. Ce qui représentait 15% des besoins estimés à 4000 tonnes environ. En dépit de son insuffisance, ce stock n’était jamais épuisé. Une bonne partie des semences périssait dans les dépôts de l’Organisme de développement de la vallée de l’Artibonite (Odva). Au centre de conditionnement, les semences peuvent être  conservées jusqu’à douze mois.

Le lancement du projet a grandement pallié ce problème.  La distribution est renforcée. Des points de vente sont créés dans plusieurs zones de production dont, Desdunes et l’Estère. Une campagne de sensibilisation est mise sur pied et le prix du sac de semences (80 lbs) est fixé à un prix abordable. 1000 gourdes. Tandis que sur le marché local, les autres semences sont vendues entre 1 500 à 1 750 gourdes. Ces stratégies se révèlent bénéfiques. Actuellement, d’après M. Etienne, le taux d’utilisation de semences de qualité est évalué à 35%.

Prise en charge des producteurs 

Le plus grand souci des initiateurs est de combler au moins 50% des attentes, d’ici  la fin du projet en 2018.  A cet effet, dans l’aile droite du centre semencier, un nouveau dépôt de stockage est construit. Ainsi, sans ambages, 110 000 sacs de semences peuvent être conservés sur le site.

Lamarre Datilus est responsable de la ferme de Déseaux. Il passe tout son temps dans les champs. Son travail est de s’assurer de la bonne marche du programme sur le périmètre. « Les planteurs sont pris en charge du labourage à la moisson », a déclaré M. Datilus.

En vue d’éviter la perturbation des plantations, des intrants et des pesticides sont mis à la disposition des riziculteurs. Dans la vallée, il faut 10 à 12 000 gourdes pour labourer un hectare de terre. Ce service est offert aux bénéficiaires du programme à 7 000 gourdes.

Certains agriculteurs interrogés ont témoigné de leur satisfecit. Ils déclarent apprécier cette aide visant à renforcer la riziculture qui, depuis quelques années, est en chute libre. « Nous avons moins de préoccupations pour écouler nos récoltes. Car, une grande partie de la production est achetée par les comités de gestion », s’est réjoui un planteur du périmètre de Molette-Gérard.

Les retombées directes du RECAPSRIH 

Le projet aide à mettre en valeur les parcelles cultivables. Pour la troisième année, il couvre 160 hectares par campagne. D’ici 2018, il devra s’étendre 400 hectares. D’autre part, le programme facilite l’accès aux semences de qualité.

Mis à part de l’aspect technique, a expliqué l’Agronome Etienne, le RECAPSRIH entend améliorer les revenus agriculteurs. Plus de 300 cultivateurs bénéficient de la coopération. A chaque campagne, sur le tas, des séances de formations sont réalisées à leur intention. A la fin du projet, ils seront en mesure de gérer leurs activités en toute quiétude.
Avant les récoltes, des emplois sont créés au profit des cultivateurs. Une façon de les aider à subvenir à leurs besoins. Selon les chiffres communiqués, à chaque activité (labourage, curage, etc.), 200 journaliers sont engagés. Ces ouvrages, a précisé le coordonnateur, se font au moins trois fois par campagne.

Des obstacles  et des faiblesses

En période de sécheresse et lorsque les canaux principaux canaux d’irrigation sont sédimentés, le rendement à l’hectare diminue.  Cela entrave en quelque sorte les résultats escomptés dans le cadre du projet. « Heureusement, ces difficultés ne sont pas fréquentes », s’est exclamé M. Datilus.

La base de données du projet n’est pas fiable. Avant la grande campagne, les responsables se font duper par des individus se faisant passer pour des distributeurs. Ces derniers ont acheté de fortes quantités de semences pour les revendre aux fins de consommation. Des dispositions seraient prises pour contrecarrer de tels actes.

Les semences produites sont encore testées par les exécutants du projet. N’y a-t-il pas lieu de mettre le produit en doute ? Les responsables en sont conscients. Ils disent avoir déjà demandé au Ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (Marndr) de prendre le contrôle du laboratoire d’analyse.

Le projet de Renforcement des capacités pour la production des semences de riz de qualité en Haïti est exécuté par l’ICDF (International cooperation developpment found).  Il est réalisé sur la ferme expérimentale de Mauger, localité de Petite-Rivière de l’Artibonite. Cette ferme, dans le futur, sera transformée en un centre de recherche et de développement rizicole, à en croire le Marndr.

Le Taiwan soutient le secteur agricole haïtien depuis 1972. En 1986, après la chute de Jean-Claude Duvalier, les activités ont été interrompues. Dix ans plus tard, soit en 1996, la mission technique a repris ses activités. Faute de financement, en 2013, la coopération a décidé de limiter ses actions et de se confiner au renforcement des capacités pour la production de semences de riz qualité.

JC

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