Artibonite: Après le drame, le rara reprend vie

Environ un mois après l’accident ayant décimé trois bandes de rara aux Gonaïves, les activités ont repris dans le secteur. Dans toute la région de l’Artibonite, au cours de la période pascale, plus de soixante bandes ont défilé pour le plaisir de leurs fans. La couleur, l’euphorie et l’ambiance étaient à leur paroxysme. À corps perdu, comme si de rien n’était, les gens ont dansé dans les rues et sur la route nationale #1. Le drame n’a vraiment rien changé dans le comportement des amateurs du rara. Les chauffeurs qui se sentaient plus exposés que les fêtards en extase se sont montrés très prudents dans leur conduite. 

Aux Gonaïves, chef-lieu du département, rien d’officiel n’a été fait pour marquer cette fête populaire. Une négligence selon certains, qui estiment que ce moment devait marquer le renouveau du rara dans la municipalité. Étant une tradition, les responsables d’une dizaine de bandes ont tout fait pour célébrer la période. Cette année, Mapou Chevalier, point focal des festivités, n’a pas drainé la grande foule. « La tragédie ayant coûté la vie à au moins 34 de nos frères et sœurs est à l’origine de cette faible participation », a estimé Lahens Honorat, président de l’Association des danseurs de rara (Adr). 

De son côté, le coordonnateur de Casec de la section de Poteau, Exantus Jean-Baptiste, se plaint de l’attitude des autorités concernées. Selon lui, aucune subvention n’a été octroyée pour la réalisation du rara. 

Dans la commune de Saint-Marc, précisément à Pont-Sondé, un festival a été réalisé sous l’égide de l’organisation « Leve kanpe pou devlope Latibonit (Lkda) ». Une vingtaine de bandes issues de la Vallée y avaient pris part. Le coordonnateur de Lkda, M. Wilguens Roméus, s’est dit satisfait du déroulement des festivités. Selon lui, le festival vise à remembrer et à structurer le rara, le principal loisir des paysans de la zone. « Si le rara est structuré, il revitalisera le tourisme local. Ce qui peut rapporter beaucoup d’argent aux municipalités », a souligné M. Roméus. 

« Rara m se pa m, kilti m se vi m », autour de ce thème, la commune de Petite-Rivière de l’Artibonite a réalisé son traditionnel festival. 24 bandes de la commune et six autres venues des environs ont animé le béton pendant le week-end pascal. Différents notables ont déploré cette tendance à délocaliser le rara vers le centre-ville. Ils ont notamment déploré le fait que les habitants des sections communales se voient obligés de se ruer vers la ville pour se défouler. 

Le rara s’est achevé très tard dans la soirée de dimanche. Aucun bilan officiel n’a encore été communiqué à la presse. Toutefois, nous sommes en mesure de confirmer une bagarre entre deux bandes de la localité Tijaden, à L’Estère. Les secouristes de la Croix-Rouge ont pris en charge neuf personnes blessées à l’arme blanche et à coups de pierre. D’après Mathias Dorvilma, cinq victimes [dans un état plus ou moins critique] ont été transportées à l’hôpital pour des soins supplémentaires. 

JC/Le Nouvelliste 

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