Ennery: Face au laxisme du CSPJ, les justiciables se prononcent

Une manif devant le tribunal. Photo: Le Nouvelliste 

Depuis les bagarres de la semaine écoulée, au tribunal de paix d’Ennery (Juridiction des Gonaïves), les violons ne s’accordent pas. Magistrats et greffiers sont à couteaux tirés. Plus les jours passent, plus la situation se dégrade. Le tribunal est dysfonctionnel. Des dossiers souffrent. Les justiciables sont agités. 

Dans le plus bref délai, les citoyens exhortent le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) à agir. Deux sit-in ont déjà été organisés. Ces fils de la cité de Toussaint Louverture menacent de fermer le tribunal pour sauver leur honneur. « Ennery mérite mieux ! Ce scandale révolte notre conscience. Il faut combattre la corruption qui divise les employés de ce ressort », a soutenu Jécozias Pierre, membre d’une organisation de jeunes. 

Après leur audition au CSPJ, Day Isaac Droz William et Frédérick Joseph, les deux magistrats en conflit, ont été autorisés à reprendre siège. Le temps d’entreprendre une enquête approfondie pour établir la vérité sur les dénonciations. Cette décision casse ipso facto la mesure provisoire du doyen du tribunal civil des Gonaïves, Me Fonie Charles Gustave, qui les avait transférés dans deux autres tribunaux. 

Contrairement au juge William, M. Joseph a été chahuté par les employés du tribunal. Ils l’accusent de traîtrise et lui interdisent de regagner son bureau. « Les protestataires disent ne pas être confortables avec le magistrat qui les aurait dénoncés », a rapporté M. Marc-Henry Compère, maire de la commune. 

Les membres de la communauté accusent les greffiers d’être de mèche avec le juge Droz William qui a décidé d’imposer sa loi. « Les deux juges sont fautifs. Si l’un ne peut pas siéger, l’autre ne doit pas le faire non plus », a tranché le notable Rémy Joseph. D’autres se sont montrés plus extrémistes dans leurs réactions. Ils exigent le renvoi de tout le personnel. « Il est impératif de résoudre ce problème », a estimé M. Fils Pierre Michelin.

Samuel Ogécime, un citoyen de la zone, qualifie ce qui se passe dans la juridiction d’Ennery de « déchéance morale ». D’après lui, c’est un manque de principes et de discipline qui est à l’origine de cette situation. « Il y a une grave crise de valeur dans la communauté », a regretté M. Ogécime. Il invite les protagonistes à accorder une chance à la cité.

Le maire de la ville s’est dit préoccupé de cette situation dégradante. Mercredi dernier, la population a tenté de s’emparer des locaux du tribunal. « N’était mon intervention, la situation aurait dégénéré », a expliqué l’administrateur. Dans l’attente d’une décision définitive, il appelle le CSPJ à prendre des mesures conservatoires pour renforcer l’harmonie entre les membres de la communauté. 

Le lundi 17 mars 2017, deux bagarres ont été enregistrées au tribunal. La première mettait aux prises le greffier Julio Jean-Baptiste et un justiciable. Et, la seconde, les magistrats Day Isaac Droz William et Frédéric Joseph. 

JC

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