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Dans la ville des Gonaïves, ces dernières années, la lecture a quasiment perdu son sens propre. La majorité des jeunes s’est déconnectée des bibliothèques. La bouteille a remplacé les livres de poche. Conscients de cette dégénérescence qui ruine les valeurs sociales, des jeunes gonaïviens ont créé la foire «Livres en action». Inéluctablement, cette activité novatrice et ambitieuse souhaite réorienter les espoirs du pays.
Un livre c’est quelqu’un, pour répéter M. Maquès Michel, directeur de l’alliance française des Gonaïves. Par ricochet, banaliser les livres c’est banaliser la vie, la chose la plus précieuse. Et, quiconque tourne le dos aux livres ouvre automatiquement la porte à l’ignorance, le plus grand ennemi de l’espèce humaine. Les créateurs de la foire ont bien compris l’enjeu ce danger imminent. « Aux Gonaïves, les activités intellectuelles tombent en désuétude. En tant qu’acteur social cette triste réalité nous interpelle », a indiqué Jean Sergo Cristolin, responsable de communication de la foire.
M. Cristolin estime qu’il est plus que nécessaire d’encourager la lecture et de promouvoir les écrivains contemporains. Ces derniers sont mieux imbus de la situation actuelle. A travers leurs œuvres, ils peuvent pousser les jeunes à prendre conscience de leur état. « Une crise en ressources humaines est le plus grand malheur qui pourrait nous arriver », a redouté Jean Sergo.
Les plus jeunes ont été au cœur de l’évènement. Un atelier de lecture a été réalisé à leur attention. Au moyen des albums et des bandes dessinées, les enfants ont été initiés dans l’antre du livre. Leur ingénuité prouve qu’ils sont aptes à assurer la relève. Tout ce qu’il leur faut, à notre avis, c’est de l’encadrement.
Le deuxième lauréat de la dix-huitième édition du «Concours international de poésie en langue française», Carl Withsler A. Benoit, voit en «Livres en action» les fondements de la nouvelle Haïti. Toutes les grandes civilisations, a-t-il soutenu, ont été conçues et consolidées par l’intelligentsia. « Si la jeunesse n’est pas instruite, le développement reste utopique », a rappelé le jeune poète.
Pour sa part, le bibliothécaire Jimmy Borgella a salué le dévouement des initiateurs de la foire. Il dit croire que cette activité permettra aux jeunes d’avoir une meilleure compréhension de la bibliothèque qui est un instrument de démocratisation de l’accès à l’information et à la connaissance. « Une bonne approche de la bibliothèque aidera à l’épanouissement d’une jeunesse beaucoup plus éclairée », a déclaré M. Borgella. Il plaide en faveur de la pérennisation de l’activité.
La foire «Livres en action» a été lancée aux Gonaïves, les 12 et 13 mai 2017. Le romancier Garry Victor a été l’invité d’honneur de cette première édition. Une dizaine de jeunes écrivains dont, Vita Pierre, Coutechève Lavoie Aupont, Ludmilla Georges et Inéma Jeudi ont été parmi les invités spéciaux.
JC
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