A quelques heures du passage de l’ouragan Irma dans l’Artibonite, concrètement, rien n’est fait dans la commune des Gonaïves pour protéger la vie des citoyens. Face à cette grande menace, la cité est plus que vulnérable. Au sein de la population, mercredi 6 septembre 2017, l’angoisse et l’ignorance s'installent.
Il est six heures de l’après-midi, les responsables du Centre d’opération d’urgence départementale (Coud) n’ont encore rien dit. Aucune consigne n’est officiellement communiquée. Les risques sont énormes. Tandis qu’au sein des communautés très vulnérables, aucune campagne de sensibilisation constante n’a été lancée. Les abris provisoires, jusqu’à présent, ne sont pas clairement identifiés. Se sentant livrés à elles-mêmes, certaines personnes ont dû évacuer la zone avec leurs enfants. Les gens croisés dans la rue ne sont pas nombreux.
L’attitude des responsables n’est pas sans conséquences. Des citoyens ignorent complètement le passage de ce puissant ouragan [de catégorie 5]. Au cours d’un micro-trottoir, cet après-midi, une marchande ambulante a été surprise d’entendre parler de la redoutable Irma. « O ! Gen siklòn demen ? », a-t-elle demandé, stupéfaite. Cette débrouillarde rentre tout de suite chez elle pour arranger ses affaires et retourner dans sa section communale.
« Je suis très angoissé. Ma famille et moi ne sommes pas en sécurité. Nous nous en remettons à Dieu », s’est résigné Wisly, un chauffeur de taxi-moto résidant dans la localité de Bassin, 2e section communale. Le danger est visible dans cette zone. Les habitants ne savent que faire pour se protéger d’Irma qui menace de frapper de plein fouet la commune. Ils invitent les décideurs à les prendre en charge. Ce qui s’avère difficile.
M. Marc-Eudès Pierre, responsable du Centre d’intervention et de débat public (Cidep), a déploré le laxisme des autorités concernées. Il déplore le manque d’efforts déployés dans la gestion des risques. « Nous sommes pris au dépourvu. Nous irons droit au désastre si Irma ne s'affaiblit pas », a expliqué M. Pierre. Il lance un appel à la « vigilance citoyenne » qui, a-t-il souligné, est l’unique moyen de limiter les dégâts.
La commune des Gonaïves compte près de 300 000 habitants. Elle est située en amont du versant Ennery-Quinte. Les ravines ne sont pas traitées. La rivière Quinte ainsi que les principaux canaux et drains ne sont pas curés depuis des années. Lors du lancement de la saison cyclonique en juin dernier, les autorités avaient annoncé une « opération coup de poing » avant septembre, le mois des grandes catastrophes (Jeanne en 2004 et Hannah en 2008). Ces promesses ne sont toujours pas concrétisées.
JC/Le Nouvelliste
Commentaires
Enregistrer un commentaire