Augmentation des prix de l’essence, des étudiants gonaïviens s’insurgent


Des étudiants des centres universitaires des Gonaïves se sont élevés, samedi 7 juillet 2018, pour dénoncer l’augmentation des prix des produits pétroliers. Ils ont érigé au moins trois barricades sur la nationale #1 et vandalisé, sur leur passage, les biens publics. Au nord de la ville, ce mouvement a paralysé la circulation et a créé une vive tension. 


Ce matin, la ville est réveillée dans le calme. Dans toutes les quartiers, la circulation est fluide. L’avenue des Dattes, une artère très fréquentée, est quasiment libre. Les motocyclettes sont les rares véhicules roulant sur la chaussée. Au fil des heures, réputés pour leur opiniâtreté, les étudiants de l’Ecole de droit (Edseg) et de l’Université publique de l’Artibonite (Upag) décident de protester publiquement. En face de l’Edseg, leur principal fief, ils dressent une barricade enflammée parsemée de tessons de bouteilles.

Après un rituel mystique, les protestataires se dirigent vers le centre-ville. « Lajan petrokaribe a malere pap peye l », chantent-ils en chœur. Ils se montrent très hostiles à l’égard du Chef de l’Etat, M. Jovenel Moïse. Devant la délégation départementale, au moyen d’un camion-citerne, ils dressent une nouvelle barricade. Avec rage, les manifestants vandalisent l’institution. Ils arrachent l’une des barrières pour renforcer la barricade avant d’allumer un feu à l’entrée principale. Les fenêtres en vitres ont essuyé des jets de pierre. « Le peuple n’en peut plus ! Nous exigeons le retrait du communiqué fixant les nouveaux prix des produits pétroliers », a déclaré Jokebed Jean-Baptiste.

Entretemps, la foule grossit. Des chauffeurs de taxi et d’autres jeunes rejoignent le mouvement. Les nerfs sont à fleur de peau.  A quelques mètres, arrive la voiture du président de la cour d’appel des Gonaïves, Me Octélus Dorvilien. Un groupe des protestataires se précipitent vers le véhicule. Il arrache son immatriculation de Service d’état (SE) et casse ses vitres. Intervention rapide des initiateurs pour protéger le magistrat. A tout prix, les manifestants voulaient incendier le véhicule.

Suite à une altercation avec un chauffeur de camionnette, non loin de la ruelle Roger (Avenue des Dattes), une troisième barricade enflammée est érigée.  Alors que les manifestants se dirigent vers l’Hôtel de ville, soudainement, les forces de l’ordre interviennent. Elles lancent des grenades lacrymogènes pour disperser la foule. Moment de panique. Les passants et les riverains courent dans toutes les directions. Un étudiant n’ayant pas eu le temps de s’échapper a été sévèrement corrigé avant son interpellation. 

La manifestation se termine dans la grogne. Les protestataires menacent de revenir à la charge si, dans les vingt-quatre heures, aucune satisfaction n’est donnée à leurs revendications. Signalons que les hostilités ont commencé vendredi après-midi avec un mouvement spontané des chauffeurs de taxi. Ces derniers avaient bloqué la route nationale #1 à hauteur de Mapou, localité située à environ 8km du centre-ville.

JC


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