Victime d’une électrocution, l’étudiante Blondina Sherley
Dolcé, 21 ans, a été rapidement emmenée à l’hôpital La Providence des Gonaïves
(HPG), centre de référence de la région. Malheureusement, regrettent ses
proches, l’accès lui a été refusé. Le personnel médical aurait été en grève.
Sous les yeux de ses parents impuissants, elle agonise. Elle trépasse.
Consternation.
« Elle est encore en vie. J’ai senti son souffle. Une
admission au service des urgences aurait tout changé », s’en plaint Judny
Pierre, un proche de Blondina. Il n’oublie aucun mot de sa conversation avec
l’agent de sécurité « insensible ». M. Pierre qualifie de « terroriste »
l’attitude « inhumaine » de ce personnage qui le hante. Selon lui, le dimanche
2 septembre, Blondina est morte après avoir parcouru, sans succès, deux autres
centres hospitaliers. Judny appelle l’État à prendre des mesures pour rendre
l’hôpital fonctionnel et utile aux bénéficiaires.
Rencontré à son bureau, le directeur exécutif de l’HPG, le Dr
Jude Rénélique, a démenti les propos des parents de la victime. Selon lui,
Blondina n’a jamais pris la route de l’hôpital. «Pendant toute la journée du
dimanche, le service des urgences fonctionnait normalement», a argumenté M.
Rénélique. Cet incident qui suscite des remous dans la communauté, a expliqué
le médecin, est une histoire montée de toutes pièces par ses détracteurs. Il a
renouvelé son engagement de continuer à desservir la population et à lutter
contre la corruption au sein de l’établissement.
La victime étudiait les sciences infirmières à l’Université
publique de l’Artibonite aux Gonaïves (Upag). Elle a fait des stages à l’HPG.
C’était l’une des belles têtes de sa promotion. Vendredi, avant de se séparer,
Blondina et ses copines avaient planifié beaucoup de choses. « C’est un
cauchemar. Franchement ! Souf mwen ap koupe », a lâché une camarade avant de
fondre en larmes. À l’Upag, les étudiants sont lourdement affectés par cette
disparition. Certains sont inconsolables.
Justice à tout prix
Dans la mi-journée du lundi, les étudiants de l’Upag ont
investi les rues pour exiger justice et réparation pour la défunte. Ils étaient
très hostiles aux autorités sanitaires de la région. Ils ont réclamé la tête du
directeur exécutif de l’HPG, le Dr Jude Rénélique, et celle du titulaire de la
Direction sanitaire de l’Artibonite (DSA), le Dr Marcel Chatelier. « Ce sont
des criminels. Ils sont irresponsables », ont déclaré les protestataires, qui
ont tenté de fermer les portes de la DSA qui, ont-ils dit, ne sert que d’abri
aux corrompus. Les policiers ont riposté avec des projectiles et des grenades
lacrymogènes. Cette situation a créé une véritable panique dans la zone.
Plusieurs personnes se sont évanouies et d’autres sont sorties blessées.
Mécontents de la réaction de la police, les étudiants ont
dressé plusieurs barricades enflammées sur la nationale #1, à hauteur de
l’avenue des Dattes. Ils ont échangé beaucoup de pierres avec les forces de
l’ordre. Encore ce mardi, les manifestants ont gagné les rues. En l'absence de
la police, ils ont saboté la DSA et dressé des barricades enflammées sur la chaussée,
menaçant de rester mobilisés jusqu’à ce qu’ils obtiennent justice et réparation
pour leur camarade Blondina.
JC/Le Nouvelliste
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