Accusé de tentative d’assassinat, le sénateur Youri Latortue accuse l’exécutif

M. Bordenave et Doncliff Adrien 

La cathédrale des Gonaïves a été transformée, le dimanche 4 novembre 2018, en scène de combat par des activistes politiques identifiés comme sympathisants du sénateur Youri Latortue. Au vu de plusieurs personnalités, à la fin de la messe chantée à l’occasion de la Saint-Charles, ces derniers ont sauvagement agressé un groupe de Petrochallengers. De cet incident regrettable, l’ancien vice-délégué Jacques Woubins Bordenave et un autre militant en sont sortis fracturés. Ils accusent le parlementaire de commanditer cet acte qu’ils qualifient de « tentative d’assassinat ».

La rixe a éclaté lorsque des membres de la Plateforme des organisations de la société civile (Plasola) exigeaient des explications sur la gestion des fonds PetroCaribe. Mécontents des slogans qui n’étaient pas en faveur du sénateur, un groupe de jeunes acharnés s’en sont violemment pris au leader du mouvement, M. Bordenave. Comme le montre la vidéo qui fait le tour des réseaux sociaux, les présumés agresseurs lui ont férocement battu jusqu’à lui casser la tête. Un autre protestataire, Donald Saint-Jean, est sorti avec un bras cassé. Il vient de subir une opération chirurgicale. « Les hommes de Youri m’ont tabassé. Cela ne changera rien dans mon engagement citoyen », a soutenu Donald.

Tordant de douleur, visage ensanglanté, l’ancien vice-délégué était affaibli. En présence des policiers, il indexait ses « agresseurs » qui circulaient tranquillement sur la cour de l’église. Aucune interpellation n’a été faite. « J’ai été maltraité au sein de l’église par les délinquants de Youri Latortue », s’est exaspéré M. Bordenave. Il condamne énergiquement la « passivité » de la police et des autres personnalités qui assistaient à son agression. La victime est en train de réunir les éléments avant de déposer une plainte au parquet près le tribunal de première instance des Gonaïves.

Le sénateur Youri Latortue dit déplorer l’agression des militants de la Plasola. Quant aux accusations portées contre lui, il les rejette d’un revers de main. Le parlementaire accuse l’exécutif d’être à l’origine de cet « incident regrettable » visant à le boycotter et à le diviser avec ses concitoyens. Il n’entend pas rester les bras croisés. M. Latortue annonce une réunion avec les autres élus pour élaborer un plan de bataille.

Le commissaire du gouvernement de la juridiction, Me Sérard Gasius, se dit prêt à traquer les « agresseurs ». Quelles que soient leurs accointances politiques, a-t-il renchéri. Le magistrat dit attendre la plainte des victimes pour agir.

L’affrontement était prévisible. Mais personne ne croyait que ce serait dans un espace sacré. Dans l’histoire de la ville, c’est un fait inédit. Il a suscité beaucoup de remous et de l’indignation. Dans tous les coins, sur les réseaux sociaux, tout le monde en parle. « La violence n’a aucun sens. Elle attire la misère », a indiqué Me Énock Génélus, ancien commissaire du gouvernement. Il appelle la justice à mettre hors d’état de nuire les « sbires » de Youri Latortue.

Il y a environ deux semaines, des étudiants de l’Université publique de l’Artibonite aux Gonaïves (Upag) avaient indexé le sénateur Latortue dans l’agression de leur camarade Doncliffe Adrien. Au sein de l’université, lors d’un mouvement lié au Petrochallenge, celui-ci a été sévèrement tabassé par des individus identifiés comme proches du leader.

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