Le nouveau procès de Clifford H. Brandt et consorts poursuit tranquillement son cours au tribunal criminel des Gonaïves. Les débats particuliers ont débuté mercredi 12 décembre 2018 avec l’audition de Rico Pierre-Val et Carlo Bendel Saint-Fort, deux cousins accusés dans l’enlèvement de Nicolas et Coralie Moscoso le 16 octobre 2012. Le prévenu Clifford sera appelé à la barre ce vendredi. Les plaignants y seront également pour une confrontation.
Séparément, le juge a auditionné les deux accusés. Cette étape n’a pas été facile. Les prévenus s’étaient montrés très coriaces. Quoique le président du tribunal, Me Denis Pierre Michel, ait utilisé l’ordonnance de Me Pierre Gabrielle Domingue, la juge d’instruction qui avait instruit l’affaire. Après beaucoup d’interrogations, au final, les inculpés ont avoué avoir participé à un certain niveau à l’enlèvement et à la séquestration des victimes.
Rico Pierre-Val a fait savoir qu’il a été forcé par l’ex-inspecteur de police Edner Comé [présumé cerveau du crime] de surveiller les jeunes ; alors que Carlo Bendel Saint-Fort a déclaré s’être embarqué sans savoir qu’il s’agissait d’un « kidnapping ». Au bout de huit heures d’audience, de concert avec les parties, le magistrat a observé un arrêt de vingt-quatre heures. Le temps d’exercer sa fonction de juge d’instruction.
Le procès se poursuit le vendredi 14 décembre 2018 dès dix heures du matin. Le tribunal attend la famille Moscoso et les trois inculpés. Selon le représentant du ministère public, Me Adisson Diogène, le doyen en profitera pour mettre la famille Moscoso et les inculpés face à face. Le même jour, poursuit-il, les débats particuliers pourraient prendre fin. « Jusqu’à présent, nous sommes satisfaits du déroulement du procès », a déclaré le commissaire. Il dit continuer à accumuler les preuves pour développer « avec aisance » son acte d’accusation.
Entre mardi et mercredi, les accusés ont déclaré n’avoir rien mangé. Visiblement, Rico était très faible. Il ne pouvait même pas se tenir debout pour répondre aux questions du doyen. Une suspension d’audience d’une heure a été observée pour leur permettre de se nourrir.
Le coordonnateur de MEDHA-Droits Humains, Me Michelet Dorgilles, a condamné cette « violation de droits humains ». En droit humanitaire, cette action est « inconcevable » selon lui. « Les trois accusés ont droit à un bon traitement. Le tribunal doit les nourrir et les protéger », a renchéri l’avocat.
D’autre part, Me Dorgilles a évoqué un problème d’« insécurité judiciaire ». Il dit condamner l’attitude du juge qui utilise assez souvent son portable en pleine séance. « Le portable est interdit au tribunal. Lorsque le juge suspend l’audience pour répondre son téléphone, cela prête à équivoque », a fait remarquer le défenseur.
L’environnement de la salle d’audience n’échappe pas non plus au constat de Me Michelet Dorgilles. Il estime que l’espace n’est pas propice au déroulement du procès. La salle est exiguë. Les accusés sont coincés. Le juge est entouré de justiciables. « Le doyen, les parties ne sont pas à l’aise », a-t-il déploré. Il propose aux responsables de placer des haut-parleurs dans la cour pour mieux gérer l’assistance.
JC/Le Nouvelliste
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