Rebondissement dans le procès de Clifford Brandt

Clifford Brandt. Photo: Le Nouvelliste 


Le procès du présumé kidnappeur Clifford Brandt et ses deux complices, Rico Pierre-Val et Carlo Bendel Saint-Fort, a pris une nouvelle tournure. Après la reprise du 8 janvier dernier, à la demande du ministère public, le président du tribunal criminel des Gonaïves, Me Denis Pierre Michel, a décidé de rouvrir les débats particuliers afin d’auditionner le stratège du groupe, l’ex-inspecteur de police Edner Comé. Celui-ci qui était en cavale a été interpellé et incarcéré à la prison civile de la Croix-des-Bouquets, depuis 2017. Cette information était cachée par le ministère de la Justice, selon les parties.

Edner Comé, dénommé Jackson Travelino, figure parmi les inculpés de l’ordonnance de renvoi du juge instructeur du tribunal civil de Port-au-Prince. Puisque ce dernier était en cavale, lors du premier procès, le tribunal l’avait condamné par contumace. Les autorités ont récemment appris son interpellation par le biais de la radio Caraïbes. S’appuyant sur l’article 189 du Code d’instruction criminelle (CIC) qui octroie un pouvoir discrétionnaire au juge, le représentant du ministère public a demandé au doyen de faire comparaitre ledit détenu. « Nous sommes en quête de la vérité. La présence d’Edner Comé nous aidera à avoir des informations pertinentes », a déclaré Me Adisson Diogène, substitut commissaire.

Les avocats de la défense ont brandi des notes jurisprudentielles de certains arrêts de la Cour de cassation en vue de convaincre le juge de ne donner aucune suite favorable à la requête du ministère public. Une telle décision, de leur avis, pourrait déranger, le cours du procès. Le tribunal a rejeté leur demande en soulignant que la loi ne l’empêche pas d’auditionner l’accusé qui est présenté par les autres prévenus comme le principal coupable. « Le jugement rendu contre le prévenu Comé n’a jamais été publié. Même après son arrestation, les autorités compétentes n’ont pas été informées des suites du dossier », a déploré Me Marc-Antoine Saint-Vil, critiquant la négligence des autorités de la juridiction de Port-au-Prince.

L’audition de l’ex-inspecteur de police, d’après Me Saint-Vil, risque d’avoir une incidence négative sur le procès. Sa crainte est expliquée par le fait que l’accusé n’ait jamais été interrogé au cabinet d’instruction. « S’il n’y a aucune ordonnance, à partir de quoi va-t-on vérifier les déclarations de Comé ? », questionne le défenseur. Pour l’instant, Me Saint-Vil dit émettre des réserves concernant la plaidoirie du fond de l’affaire. Après cette étape importante, au cas où le doyen n’aurait pas respecté la procédure, il a fait savoir que la défense montera au créneau pour faire valoir les textes de loi régissant la matière.

Des membres de la famille Moscoso ont été remarquées à cette audience houleuse. Dans son avant-dire droit rendu au terme des débats, le doyen Denis Pierre Michel a ordonné au chef du parquet de son ressort, Me Sérard Gasius, d’amener le suspect Edner Comé à son tribunal, le mardi 15 janvier 2019. Le juge n’écarte pas la possibilité de lancer une confrontation entre ce dernier et les trois autres inculpés, en l’occurrence Clifford Brandt, Rico Pierre-Val et Carlo Bendel Saint-Fort.

JC/Le Nouvelliste 

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