Gonaïves : des voix s’élèvent contre l’insécurité


Dans la commune des Gonaïves, depuis le début de l’année, les bandits ne chôment pas. En pleine journée, à visage découvert, ils tuent comme bon leur semble, pillent des magasins et volent les habitants. Face à cette insécurité grandissante, beaucoup de citoyens ont exprimé leur ras-le-bol. Des hommes d’affaires ont même menacé de fermer leurs entreprises pour forcer les autorités concernées à assumer leurs responsabilités.

De plus en plus, les bandits prennent le large. Au vu et au su de tous, sans inquiétude, ils sèment la pagaille et le deuil dans la communauté. C’est l’une des rares fois que les Gonaïviens vivent une situation aussi stressante. Certaines personnes n’ont pas caché leur peur bleue. « Ma peur grandit de jour en jour. Le soir, j’ai du mal à dormir », se plaint une mère de famille. Toutes les personnes interrogées se disent révoltées par cette situation. 

En début de semaine, Philippe « Pipo » Jean, propriétaire d’une entreprise, a été tué par balle à Gattereau, au nord des Gonaïves. Avec le soutien des riverains, trente minutes après le meurtre, la police a interpellé Emmanuel Léonville, l’un des trois suspects. La victime est le troisième homme d’affaires à être assassiné, en plein jour, en l’espace de cinq mois. 

Mercredi soir, à Bigot, entrée sud de la ville, un entrepreneur très connu s’est fait braquer en rentrant chez lui. Dans la nuit du 6 au 7 mai, deux importantes entreprises privées ont été pillées. Une semaine plus tôt, un prêtre catholique a été attaqué dans son bureau, après avoir effectué une transaction bancaire. 

L’insécurité gagne toute la commune. Les cultivateurs qui ont perdu leurs récoltes ne sont pas épargnés. Selon Lineda Roméus, membre du Casec de Poteau, 4e section des Gonaïves, les bandits perturbent le sommeil des paysans. Elle demande à l’administration communale de l’accompagner en vue de rassurer les habitants. 

Les membres du secteur des affaires gonaïviennes n'entendent pas se laisser intimider par les bandits qui les prennent pour cible principale. Ils dénoncent énergiquement les attaques perpétrées contre leurs pairs et les autres concitoyens. En signe de protestation, pendant trois jours, les entrepreneurs projettent de fermer leur commerce. Ils comptent également marcher pacifiquement dans les rues pour exprimer leurs frustrations et contraindre les autorités à accomplir leur devoir. 

Dans la foulée, les chauffeurs de taxi-moto qui sont toujours en proie aux actes de banditisme invitent la population à descendre dans les rues ce vendredi pour dénoncer la passivité des autorités. Selon l’un des initiateurs, William Armand, il est inconcevable que la cité soit livrée aux bandits. Les protestataires estiment que la situation a trop duré. 

Le coordonnateur de Medha-Droits humains, Me Michelet Dorgilles, lance un appel à la solidarité citoyenne. Lorsque les responsables ont failli à leur mission, d’après l’activiste, les citoyens doivent s’entraider pour protéger leur vie et leurs biens. Le technicien en sécurité urbaine conseille aux autorités compétentes de se concerter afin de définir une stratégie efficace de lutte contre le banditisme. 

Le maire de la ville, Neil Latortue, s’est dit conscient de la remontée des actes d’insécurité. De concert avec l’appareil judiciaire, a-t-il indiqué, des mesures urgentes ont été prises en vue de mettre les bandits hors d’état de nuire. De son côté, le commissaire du gouvernement, Me Sérard Gasius, a renouvelé sa volonté de traquer les bandits. Il appelle à la collaboration des justiciables pour des résultats satisfaisants.

JC/Le Nouvelliste 

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