Gonaïves : des citoyens exigent la reprise des activités, d’autres appellent à maintenir la pression


Des citoyens issus de plusieurs secteurs ont marché pacifiquement dans les rues des Gonaïves, mercredi 4 décembre 2019, pour exiger la reprise des activités. Ils ont surtout mis l'accent sur la pacification de la ville, la réouverture des classes et des entreprises. Malgré la tension qui régnait au centre-ville, en raison des tirs sporadiques, la marche (une centaine de personnes) s’est déroulée sans incident majeur sous le haut dispositif de sécurité de la police. Entre-temps, des opposants extrémistes de Raboteau ont lancé l’opération « dechouke atache ».


Les protestataires, dont des parents, des professionnels et des militants pro-Jovenel Moïse, ont dénoncé l’impact négatif de la crise sur la communauté. Ils ont dit avoir assez de la recrudescence des actes d’insécurité et de la dégradation des conditions de vie. Les citoyens ont demandé aux autorités compétentes d’accomplir leur mission. « Nous voulons la paix ! La vie doit reprendre son cours dans la communauté », s’est écriée Louisette Vertilus, responsable d’une Plateforme d’organisation de femmes. Elle en a profité pour condamner les actions des individus qui lancent des pierres et des bouteilles en direction des marchandes qui bravent le danger pour nourrir leurs enfants.

Début de l’opération « dechouke atache »

Alors que la marche était dans les rues, un groupe de civils armés de Raboteau ont pris d’assaut la résidence privée d’un des organisateurs. Ces derniers ont saccagé cette maison située au coeur de ce quartier populaire et tiré plusieurs balles. Grâce à l’intervention de quelques voisins qui redoutaient des dégâts collatéraux, les militants n'ont pas incendié ledit bâtiment. La scène s’est déroulée sous les yeux d’une octogénaire, mère de la victime.

Selon les opposants de Raboteau, cet acte marque le début de l’opération baptisée « dechouke atache ». Ils invitent les autres proches du pouvoir à renoncer à leur appartenance pour ne pas être « condamnés ». Ces insurgés n’entendent pas déposer leurs armes, en dépit des mandats d’amener décernés par le parquet près le tribunal civil. « Nous sommes prêts à contrecarrer tous ceux qui souhaitent nous empêcher de revendiquer nos droits », ont-ils lâché avant de tirer plusieurs coups de feu en l’air.

L’opposition radicale annonce la couleur

Tout est fin prêt pour la manifestation anti-Jovenel Moïse programmée pour ce jeudi 5 décembre 2019, selon le leader de Ayiti an aksyon (AAA), Youri Latortue. Le parlementaire appelle la population des Gonaïves dans les rues afin de resserrer l’étau autour du chef de l’État qu’il traite de « corrompu » et de « dilapidateur ». Le mouvement est renforcé par plusieurs autres structures locales. Selon le sénateur, ce sera l’une des plus grandes mobilisations de l’année.

Le président de la commission Éthique et Anti-Corruption du Sénat de la République appelle les autorités policières à assumer leurs responsabilités. Pour des résultats satisfaisants, M. Latortue exhorte les opposants extrémistes à ne pas rejoindre la manifestation avec leurs armes. Cet après-midi, plusieurs militants et chefs d’organisations de la capitale sont arrivés dans la cité de l’indépendance. À en croire M. Latortue, d’autres parlementaires, dont  Antonio Cheramy, Évallière Beauplan et Saurel Jacinthe, seront également présents dans les rues

JC/Le Nouvelliste 

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