Gonaïves : des voix s’élèvent pour la réouverture des classes

Des directeurs d’écoles privées des Gonaïves se sont révoltés, vendredi 6 décembre 2019, contre les conséquences néfastes de la crise sur la communauté éducative. En vue de garantir la réouverture des classes le lundi 9 décembre prochain, ils exhortent les autorités compétentes à assumer leurs responsabilités. A l’instar des autres élèves du pays, ont rappelé les protestataires, ceux de la cité de l’Indépendance ont le droit d’avoir accès à l’éducation. 

A l’exception de Saint-Marc et Gonaïves, dans les autres communes de l’Artibonite, les écoles fonctionnent sans ambages, selon les autorités. Depuis le 20 septembre dernier, à cause du grabuge provoqué par le mouvement anti-Jovenel Moïse, les élèves de ces deux grands districts se voient obligés de rester chez eux. 

Dans la cité de l’Indépendance, le climat est beaucoup plus délétère. Les rues jonchées d’immondices et de débris dégagent des odeurs nauséabondes. Les armes crépitent nuit et jour. Jusqu’à présent, la police paraît impuissante face aux insurgés qui circulent en toute quiétude avec leurs armes de guerre. En dépit des mandats d’amener décernés contre les chefs de file, ces militants réaffirment leur engagement de rester mobilisés jusqu’au départ du chef de l’Etat. 

« Autant que les parents et nos élèves, nous souffrons. Impossible de continuer à tolérer cette situation ! », s’est fâché l’un d’entre eux, Panel Honorat. Dans un langage de révolte, il appelle les autorités communales à se mettre à la hauteur de leur tâche afin de sécuriser les élèves et les écoles. « L’école c’est la voie du développement. Les enfants doivent s’instruire pour assurer valablement la relève », a soutenu M. Honorat. D’ici le week-end, il demande à la police de tout mettre en branle pour permettre aux élèves de jouir de leur droit à l’éducation. 

Très remonté contre le "laxisme" de Jovenel Moïse, garant de la bonne marche des institutions, le professeur Rony Joseph s’est dit consterné par le sort de certains enseignants qui, actuellement, se convertissent en chauffeurs de taxi-moto pour répondre à leurs obligations familiales. L’impact de la crise sur le secteur éducatif, de son avis, devrait interpeller la conscience de tous les acteurs. « L’enseignement est notre unique source de revenus. Si les écoles ne fonctionnent pas, nous allons sombrer encore plus dans la misère », s’est indigné M. Joseph. Il conseille aux opposants de faire une trêve, le temps de réviser leurs stratégies. 

Parallèlement, Ecol Renoit, directeur départemental de l’éducation, s’est entretenu avec les directeurs des écoles publiques des districts de Saint-Marc et des Gonaïves, ce vendredi. A tous les acteurs concernés, a-t-il indiqué, des instructions formelles sont passées pour la réouverture des classes.  « Nous avons accompli notre devoir. Maintenant, nous demandons aux autorités chargées de la sécurité publique de prendre leurs responsabilités », a déclaré M. Renoit. Exprimant ses inquiétudes face au retard enregistré dans le calendrier scolaire, il encourage les instituteurs à redoubler d’effort afin de rattraper les cours perdus.  

A rappeler que le mercredi 4 décembre dernier, des membres de la population, dont des parents avaient gagné les rues des Gonaïves pour exiger la réouverture des classes et la reprise des activités commerciales. 

JC/Le Nouvelliste 

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