Gonaïves: paralysie des activités, augmentation du nombre de victimes

 


La nouvelle phase du soulèvement anti-Jovenel Moïse provoque un regain de tension au centre-ville des Gonaïves. Des tirs à l’arme automatique sont entendus de temps à autre et des barricades sont dressées dans certaines zones stratégiques. Au cours d'une intervention visant à rétablir l’ordre, ce mercredi, au moins deux personnes, membres d’une même famille, ont été blessées par balle à Jubilé, quartier limitrophe de Raboteau, fief de la résistance anti-Jovenel Moïse. 

 

Katia et Johnny Jean-Pierre, frère et sœur, respectivement âgés de 26 et 20 ans, ont été atteints de projectiles à proximité de leur maison. L’incident se serait produit, d’après des témoins, au cours d'échanges entre la police et des civils armés. Mme Bernadette Gustave, mère des victimes, est inconsolable. Elle condamne le « comportement irresponsable » des forces de l’ordre. « Nous étions devant la maison. Tout à coup, le blindé est apparu et a ouvert le feu », a-t-elle déclaré, en sanglots. Des policiers, a poursuivi Bernadette, ont interpellé Johnny à l’hôpital La Providence où il a été admis. Katia, qui serait dans un état critique, reçoit des soins dans un centre hospitalier privé. 

 

Des militants rapportent qu’une troisième personne serait tuée et dont le corps aurait été emporté par les forces de l’ordre. En dépit des multiples contacts, il est impossible de vérifier ces déclarations. Par contre, ces dix derniers jours, il est confirmé que cinq personnes au moins ont été blessées par balle dans la cité de l’Indépendance. Parmi les victimes figure un élève qui a été atteint d’un projectile à l’épaule au moment où il suivait un cours.  

 

Depuis trois jours, presque toutes les activités sont au point mort. Le marché communal, les banques commerciales et les écoles ne fonctionnent pas. Les transports en commun sont également affectés. Les rues, même les zones les plus fréquentées, sont quasiment vides. Chaque soir un concert de cartouches est offert. Plus la date du 7 février approche, plus la peur gagne les citoyens. Certaines personnes commencent à se refugier dans les zones rurales. 

 

Dans la soirée de mardi, des individus non identifiés ont tenté d’incendier l’hôtel Odivin, propriété de Blondo Odivin, directeur départemental des Travaux publics. Deux véhicules appartenant à l’Etat haïtien ont été incendiés.  N’était la vigilance des agents de sécurité, a expliqué M. Odivin, les suspects auraient mis le feu aux appartements. Des membres de l’opposition locale ont qualifié de « coup monté » cette tentative d’incendie. Selon eux, le directeur aurait fomenté ce plan pour discréditer la lutte contre le pouvoir en place. 

 

KJ/Le Nouvelliste  

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