L’Artibonite en proie à la sécheresse, les agriculteurs aux abois



De la vallée de l’Artibonite à la plaine des Gonaïves, la sécheresse bat son plein. Les principaux canaux d’irrigation ne sont pas curés. L’eau ne ruisselle pas dans les champs depuis plusieurs mois. Les cultivateurs sont aux abois. Ils s’en plaignent tous de la sécheresse chronique qui ravage les plantations, leur principale source de revenus.

Walter Paul est un cultivateur de la plaine des Gonaïves. Il vit exclusivement de l’agriculture. Lors de la dernière campagne d’haricots, il dit avoir perdu toute sa récolte. «Cette année, les choses sont pires. Je n’ai rien récolté. N’ayant pas d’autre recours, je me livre à la Providence», a déclaré ce sexagénaire visiblement désespéré. Les plantations d’aubergine n’ont pas été épargnées non plus. En plus de la sécheresse, elles ont été attaquées par des insectes.


D’après Frémiot Nicolas, coordonnateur de la Plateforme résistance des paysans de l’Artibonite (Prepla), dans la vallée, notamment à Grande-Saline, Dessalines et Saint-Marc, les rizicultures sont également perturbées. «La vallée, qui était le grenier du pays, se trouve actuellement dans une situation catastrophique», a regretté M. Nicolas. A Desdunes et L’Estère, les choses ne sont pas différentes.

Causes et retombées de la sécheresse

D’après le directeur agricole de l’Artibonite, l’Agr. Jocelyn Jean, la sécheresse est due au phénomène «El niño». Lequel phénomène, a-t-il poursuivi, réduit considérablement la quantité de pluie. La mauvaise exploitation du sol, le déboisement et l’élevage libre sont d’autres facteurs expliquant la sécheresse.

Près de 60% des terres cultivables sont abandonnées. Les deux dernières campagnes agricoles ont essuyé un échec. La culture de sorgho a accusé une perte de 65%. Alors que les récoltes des haricots ont été détruites à 50%.

Au marché communal des Gonaïves, cette situation a occasionné la rareté de certains fruits et produits maraîchers (tomate, carotte, etc.). Elle a, du même coup, provoqué la hausse des prix des produits de première nécessité. Le sac de riz de 25 kg passe de 1 050 à 1 125 gourdes, le sac de maïs de 725 à 800 gourdes et le sac de pois de 1 500 à 2 000 gourdes.

Perspectives pour la campagne printemps 2016

L’agronome Jocelyn Jean a indiqué que toutes les dispositions ont été prises pour sauver la campagne de printemps. Quoiqu’insuffisant, un fonds de 2.8 millions de gourdes octroyé par le ministère sera utilisé à cet effet. Des semences de haricots (160 sacs), de petit mil (100 sacs), de maïs (160 sacs) seront acquises au bénéfice des planteurs.

M. Jean a informé que des travaux de réhabilitation seraient réalisés au niveau de certains canaux et rivières de la région pour colmater les brèches. Une dizaine de pompes submersibles sera réparée dans la plaine des Gonaïves, a-t-il ajouté.

Selon le directeur, des tracteurs seront mis à la portée des cultivateurs pour faciliter le labourage des champs. Des travaux à haute intensité de main- d’œuvre seront également exécutés pour permettre aux planteurs de se procurer un peu d’argent. Il appelle les partenaires à soutenir ces différents projets en vue de satisfaire le plus vite possible les besoins des agriculteurs.


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