Saison cyclonique : l’attitude des autorités gonaïviennes inquiète

Vue du drain de Bigot  (sud des Gonaïves)

La saison cyclonique a débuté depuis le 1er juin dernier. Alors qu’aux Gonaïves, une ville très vulnérable, aucune mise en place n’est encore faite pour protéger la vie et les biens des citoyens. La rivière Quinte, le cauchemar des Gonaïviens, est dans un état déplorable. Les drains et les canaux d’évacuation ne sont pas curés. Comme d’habitude, les autorités attendent le moment qu’elles jugent opportun pour agir. 

Sur les réseaux sociaux, dans les émissions de radio, les citoyens ne cessent d’exprimer leurs préoccupations face à la négligence des autorités. Dans le plus bref délai, ils souhaitent que des mesures soient prises pour curer des rivières et des ravines qui déversent des eaux sur la ville. « Pourquoi ne pas lancer une caravane de curage des drains et canaux ? », s’est interrogé un citoyen sur sa page Facebook. Les habitants ont horreur de cette période. Ils se sentent en danger. Ils appellent les responsables à agir à temps pour limiter les dégâts que pourraient causer les éventuelles catastrophes naturelles. 

Dans une interview à la presse locale, le délégué départemental, M. Herby Dalencourt, a parlé d’une intervention « coup de poing » qui sera faite dans la rivière Quinte. Il n’a pas donné de date. Néanmoins, ses déclarations laissent entrevoir que le mois d’août serait le moment idéal. « Le plus souvent, les eaux envahissent la ville en septembre, a expliqué M. Dalencourt. Le président avait visité la rivière Quinte récemment. Il a promis d’y effectuer des travaux importants. »

 Dans l’esprit des Gonaïviens, le mois de septembre est devenu mythique. En effet, il leur rappelle des souvenirs élégiaques. En septembre 2004, lors du passage de la tempête tropicale Jeanne, plus de 3 000 personnes ont été tuées. Tandis qu’en septembre 2008, 793 cadavres ont été répertoriés. 

En cette période cyclonique, le député des Gonaïves, Me Guy Jacob Latortue, estime qu’il est important de poser des actions concrètes. Il a déploré le mauvais état de la rivière Quinte, le principal cours d'eau des Gonaïves. « Les autorités locales ne m’ont encore rien dit. Je suis prêt à les accompagner », a déclaré le cousin de Neil Latortue, maire de la municipalité. 

Le protecteur civil de la région, M. Faustin Joseph, a critiqué le mode de gestion des risques et désastres de l’État haïtien. D’après lui, la préparation du passage du cyclone est beaucoup plus importante que la période post-cyclonique. « Il faut aussi de l’argent pour sensibiliser les gens, préparer le déplacement des personnes vulnérables, équiper les centres d’hébergement, etc. », a rappelé M. Joseph tout en faisant remarquer que le déblocage des fonds alloués aux délégations n’est jamais facile. « Beaucoup de délégués n’ont pas vraiment accès à cet argent », a-t-il regretté. 

La rivière Quinte est le plus grand souci des riverains. Elle n’est pas curée depuis plus de cinq ans. Ses berges sont endommagées et son lit alluvionné. Dans l’intervalle, aucun grand chantier de conservation de sol, de reboisement et de maîtrise des eaux n’a été lancé. La situation environnementale reste critique. Plus d’agressions sont faites sur l’écosystème. Les autorités concernées se contentent de s’en plaindre, à l’instar d’un simple citoyen. En raison de ce triste constat, les techniciens ont cru que la communauté gonaïvienne est plus que jamais exposée. 

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