Photo: Dieulivens Jules/Haiti Press Image (HPI) |
Dans les rues des
Gonaïves, vendredi 31 aout 2018, nombreux étaient les citoyens qui exigeaient
un rapport détaillé sur l’utilisation des fonds Petrocaribe. Depuis des
décennies, c’est la première fois qu’autant de personnes d’horizon divers se
sont engagés publiquement dans un mouvement citoyen.
Comme un seul homme, à gorge déployée, les protestataires ont
demandé « Kot kòb petrocaribe a ? ». Banderoles, t-shirts,
pancartes sont, entre autres des supports utilisés pour exprimer leurs
frustrations. Des messages plus poignants que d’autres : « Kòb la
oubyen kòd la », « Non à la pétrorisation ! », « Li lè li
tan pou tout pitit sòyèt jwenn yon lavi miyò ». Sur tout leur parcours,
les citoyens ont scandé des slogans anti-corruption. Energiques. Motivés on ne peut plus. Sous le
soleil de plomb, l’expression de leur visage a fait montre de leur
engagement.
La marche était partie du bureau départemental de la Cour
supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca). Elle s’est
ensuite dirigée vers le commissariat de police, l’Hôtel de ville et le Palais
de justice. Devant chacune de ces institutions, les protestataires ont exprimé
leur ras-le-bol. Ils s’en sont pris à l’équipe Ayiti an aksyon (AAA) notamment,
le sénateur Youri Latortue qui a initié l’enquête sur la dilapidation des fonds
Petrocaribe. « Nou pa gen lajan pou n’ peye, Youri vòlè l’ deja »,
ont-ils chanté en chœur. Croisé sur le parcours, l’ex député Arsène Dieujuste
n’a pas été non plus épargné d’injures.
L’agriculteur Fremiot Nicolas, s’est réjoui de l’ampleur qu’a
pris le dossier petrocaribe. Cette prise de conscience collective, a-t-il déclaré,
doit servir de catalyseur à la lutte contre la corruption qui gangrène l’administration
publique. « Si les fonds ont été utilisés à bon escient, la production agricole
ne serait pas déchue à un tel niveau », a jugé le riziculteur.
Féquière Séraphin, citoyen engagé, a réclamé l’arrestation de
tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la dilapidation des fonds
petrocaribe. Il qualifie ces présumés transgresseurs d’ennemis de la nation. « Pour
une fois dans ce pays, a déclaré M. Séraphin, la justice doit triompher sur
l’impunité. Du même coup, ce sera la refondation de l’édifice sociale. » Sur
tout le territoire national, il appelle la population à maintenir allumer le
flambeau de la mobilisation.
La première sortie des citoyens pour exiger la reddition des
comptes, a expliqué le professeur Didier Pierre, est un signal clair que la
cité envoie aux décideurs. Il invite les trois pouvoirs de l’Etat à prendre
leurs responsabilités. En cas d’insatisfaction, dans les prochains jours, a
prévu M. Pierre, le mouvement pourrait être intensifié. Les stratégies sont à
l’étude.
JC
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