Pour le procès PetroCaribe, le sénateur Youri Latortue est prêt à «refaire 2004 »


Le sénateur Youri Latortue 
L’ancien conseiller du président Michel Joseph Martelly, le sénateur Youri Latortue a boudé le 212e anniversaire de la mort du père de la nation, Jean-Jacques Dessalines, pour renforcer le petrochallenge. À la tête de plusieurs centaines de sympathisants, le mercredi 17 octobre 2018, le parlementaire a manifesté aux Gonaïves pour exiger la reddition des comptes. Il s’est dit prêt à «provoquer une insurrection dans le pays», à l’instar des évènements de 2004, afin de contraindre l’administration Moïse-Céant de donner suite à l’enquête qu’il a initiée.

« Si yo pa bay kòb PetroKaribe a n ap fè 2004 », a déclaré M. Latortue devant le palais de justice des Gonaïves. Il a précisé que cette insurrection visera spécifiquement les corrupteurs et les « lâches » qui sont obnubilés par le pouvoir. « Lors de la campagne électorale, c’est le président lui-même qui m’avait demandé d’initier l’enquête pour épingler les proches du PHTK et de René Préval qui sont impliqués dans la dilapidation du fonds », a révélé le parlementaire. Youri Latortue déplore l’attitude de Jovenel Moïse qui, selon lui, veut protéger les « voleurs » qu'il craint.

Le sénateur s’est dit plus loin prêt à déployer des efforts pour faciliter l’aboutissement du procès PetroCaribe. Il dit avoir remis au Premier ministre une liste de 25 entreprises qui auraient absorbé 300 millions de dollars du fonds. « C’est une mafia haïtiano-vénézuélienne qui a volé l’argent », a confié M. Latortue, qui est dans les rouages de l’État depuis une dizaine d’années.

Deux manifs différentes pour une même cause

Parallèlement au mouvement de Ayiti an aksyon (AAA), une autre manifestation s’était déroulée sous l’égide de la Plateforme des organisations de la société civile (Plasola). Les slogans de ces protestataires étaient très hostiles au collaborateur de l’administration Martelly-Lamothe. Ils l’accusaient d’être de connivence avec les présumés dilapidateurs du fonds. Des propos qui sonnaient mal aux tympans des sympathisants de Youri Latortue. Montée d’adrénaline. N’était la vigilance des forces de l’ordre, il y aurait eu affrontements.

L’un des responsables de ladite Plateforme, Jacques Woubins Bordenave, condamne le comportement violent de l’autre groupe. « L’affrontement idéologique est admissible, mais jamais la confrontation physique », a soutenu l’activiste. Gonaïves ne salira pas le dossier PetroCaribe, a-t-il renchéri. M. Bordenave demande à ses camarades de lutte de continuer à manifester pacifiquement pour forcer les autorités à lancer le procès PetroCaribe.

Un 17 octobre de peur

La journée du 17 octobre a été très stressante. L’annonce des deux manifestations a créé une psychose de peur chez les citoyens. Durant toute la journée, les rues étaient quasiment vides. Toutes les activités ont été paralysées. Même les transports en commun. À la fin des manifestations, il y a eu de petites paniques. Un groupuscule d’individus voulaient s’attaquer aux membres de la société civile qui s’étaient refugiés à l’Université publique de l’Artibonite aux Gonaïves (Upag). La police a dévié leur plan et l’un d’entre eux a été interpellé.

Des pneus enflammés ont été placés au niveau de plusieurs intersections. Des barricades dressées avec des pierres et des barres métalliques ont été remarquées dans certaines rues. Cette situation s’est avérée inquiétante. En vue de rassurer les citoyens qui voulaient vaquer à leurs occupants, des agents des forces de l'ordre ont été postés dans les zones sensibles. Une patrouille sillonnait également les quartiers.

Ce jeudi, la ville s’est réveillée dans le calme. La vie reprend son cours normal. Les écoles et le commerce fonctionnent normalement. Néanmoins, la population reste prudente.

JC/Le Nouvelliste 

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