La nationale #1 après une intervention de la police |
Longtemps endormie, peu à peu, Gonaïves se réveille. Depuis mercredi soir, la ville est en proie à d’importants mouvements de perturbation. Au niveau de Descahos, entrée sud de la ville, épisodiquement, des jeunes se soulèvent pour exiger la distribution d’une somme d'argent que le gouvernement aurait fait parvenir à plusieurs groupes du quartier. Obstruction de la voie publique. Crépitement d’armes à feu. Agression de passants. En dépit du démenti formel et l’appel au calme de la délégation départementale, les protestataires ne veulent pas lâcher prise.
Dans les parages, c’est la panique totale. Dans différents endroits, les activistes utilisent tout pour bloquer la route nationale numéro 1. Guérites, tréteaux, pierres et pneus enflammés. À chaque intervention, les policiers utilisent des grenades lacrymogènes pour disperser les protestataires disséminés dans tous les corridors. Les enfants et les vieillards qui inhalent les gaz sont malenpoint. Les proches des victimes ne cessent de s'en plaindre.
Selon l’un des initiateurs, Papayo, l’exécutif aurait injecté « 600 000 gourdes » dans la zone pour apaiser la tension sociale. Son équipe n’aurait rien reçu. Ils décident de ''chauffer'' le béton pour exprimer leur frustration. « Nous n’avons aucun problème avec le président. Nous dénonçons tout simplement la mauvaise répartition de cet argent », a-t-il précisé. Ses partisans ont accusé Guy Poupoute, ancien membre influent de Fanmi Lavalas, de s'être accaparé cette prétendue somme. Ce que le leader a rejeté d’un revers de main. Depuis la chute de Jean-Bertrand Aristide, il dit n’avoir aucune complicité avec les autorités gouvernementales. « Je n’ai jamais rencontré le délégué départemental », a indiqué Poupoute.
Le représentant de l’exécutif dans le département, M. Herby Dalencourt, a dénoncé une « campagne d’intoxication » visant à déstabiliser la région, notamment la ville Gonaïves, qui est perçue comme un bastion d’insurrections. Il demande aux citoyens d’être vigilants et de ne pas se laisser provoquer par des individus malintentionnés. M. Dalencourt en a profité pour féliciter le bon comportement des Artibonitiens. Il dit s’engager à prendre des mesures nécessaires pour garantir l’ordre public. « Nous continuerons à travailler en étroite collaboration avec les autorités pour améliorer les conditions de vie », a-t-il rassuré.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, des individus ont placé un pneu enflammé à l’entrée du tribunal de civil des Gonaïves. Le chef du parquet de ce ressort, Me Sérard Gasius, a condamné cet acte. Il annonce une enquête pour identifier les suspects. En outre, le magistrat a confirmé l’arrestation de plusieurs fauteurs de troubles dans le cadre du mouvement de protestation. Il a réaffirmé son engagement à traquer tous les bandits qui sèment la pagaille dans la juridiction.
Les protestations n’ont pas paralysé les activités. Le transport en commun et le commerce ont fonctionné. Les écoles ont travaillé à l’exception de celles qui se trouvent dans la zone de turbulences. Après les soulèvements de ce vendredi matin, jusqu’à la tombée de la nuit, un calme apparent est constaté dans la ville. La police sillonne les rues. Certaines artères sont toujours jonchées de débris.
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