Gonaïves veut son carnaval malgré tout


La crise sociopolitique à laquelle est confronté le pays n’asphyxiera pas le carnaval aux Gonaïves. En effet, les responsables des bandes à pied, à l’unanimité, réclament l’organisation de cet évènement culturel. Dès ce week-end, le maire de la commune, Neil Latortue, les a autorisés à chauffer le macadam à leur gré. 

« Vive le carnaval ! », s’est exclamé Méroné Jacques-Édouard, délégué de Parvencia Band, suite à l’annonce de M. Latortue. Il a salué la décision du maire. Face à la conjoncture actuelle, M. Jacques-Édouard reste persuadé que le défoulement est un excellent palliatif. Il a rappelé que le carnaval est une fête populaire et traditionnelle. 

De son côté, le responsable de Talonad Band, M. Jean-Paul Étienne, croit qu’il faut réaliser le carnaval à tout prix. Avec ou sans le support de l’État central, a-t-il soutenu, les bandes sont prêtes à défiler dans les rues. De l’avis de M. Étienne, la dégradation des conditions de vie ne peut en aucun cas constituer un obstacle aux festivités carnavalesques. « Quelles que soient les circonstances, l’Haïtien ne reste pas insensible au son du tambour », a-t-il martelé.  

Malgré le délai et la fragilité du moment, Neil Latortue est toujours accroché à la tenue du carnaval national dans sa municipalité. Il dit s’être engagé à accompagner les acteurs intéressés. Selon le maire, des pourparlers avec le ministère de la Culture et le comité national du carnaval sont en cours. D’ici la fin de ce week-end, a-t-il promis, une décision définitive sera prise

L’organisation du carnaval ne bénéficie pas du soutien de toute la communauté. Beaucoup de personnes, dont des chefs de famille, se sont élevés contre cette idée. De leur avis, le moment n’est pas propice au défoulement. La misère, l’insécurité et l’instabilité politique sont entre autres points soulevés par ce groupe pour soutenir leur position. « Le carnaval est une page tournée », a tranché l’activiste politique Néard Fito Fils. 

À environ une semaine des festivités, aucun préparatif n’est encore lancé. Le parcours n’est pas défini. L’ensemble des chantiers d’infrastructures sont interrompus depuis les manifestations antigouvernementales. Certains entrepreneurs, artisans et commerçants qui misaient sur cet évènement n’ont pas caché leur désolation. Toutefois, ils appellent les autorités à satisfaire les revendications de la population afin de garantir un climat de paix dans le pays. 

JC/Le Nouvelliste

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