La ville des Gonaïves a connu, ce vendredi, une deuxième journée tendue. De nombreux manifestants ont foulé le béton pour exiger le départ du chef de l’Etat, Jovenel Moïse. Emaillé de grabuges, ce mouvement a complètement paralysé les activités. Il s’est soldé par la mort de deux personnes par balle. Cinq autres ont été blessées, dont certains grièvement. Ce nouveau bilan non confirmé par la police locale porte à onze le nombre de victimes par balle.
Selon nos sources, Ecclésiaste Libéral, alias Ayito, un cousin de Wilfort Ferdinand (Tiwil) et Diamond Augustin, 22 ans, sont les deux personnes tuées par balle. La première victime a reçu une balle à la tête. Ces incidents sont survenus au moment où la police tentait de maîtriser certains protestataires qui voudraient s’attaquer à des institutions privées. Les balles fusaient de toutes parts.
La veille, pas moins de quatre manifestants ont été touchés par balle, dont l’étudiant Gifterly Jean qui a été hospitalisé. Un autre étudiant, John Fleurisma a été blessé à la tête par une grenade lacrymogène. Le coordonnateur de MEDHA-Droits humains, Me Michelet Dorgilles, a dénoncé énergiquement les « exactions » de la police. Selon ses constats, les agents de police ont tiré à hauteur d’homme. Le défenseur appelle les supérieurs hiérarchiques à prendre leurs responsabilités pour éviter des représailles.
Les proches des victimes ont condamné l’attitude des policiers. Ils menacent de porter plainte contre les présumés meurtriers et de maintenir la pression jusqu’à la démission du chef de l’Etat. L’ex-leader de l’insurrection anti-Aristide en 2004, Wilfort Ferdinand a rejoint aujourd’hui le mouvement. Au côté des étudiants et des opposants, il a affirmé sa volonté de combattre le pouvoir en place.
Les banques commerciales, les entreprises privées et les écoles ont chômé ce vendredi. Dans tous les coins, des barricades enflammées sont érigées. Impossible de circuler librement dans les épaisses fumées noires. L’un des porte-paroles des organisations sociopolitiques, Rigaud Vélima, invite la population à se rebeller. Il appelle Jovenel Moïse à quitter le pouvoir pour éviter le chaos.
Le porte-parole de la police locale, Max Saint-Preux a dénoncé l’attitude des manifestants qui prennent les commissariats et les policiers pour cibles. Il a démenti les « allégations » concernant les actes de brutalité des agents de police. Au cas où les dénonciations se révèleraient vraies, souligne M. Saint-Preux, les responsabilités seront fixées. Selon l’inspecteur, trois manifestants sont actuellement gardés à vue.
Un calme apparent est observé dans la cité de l’indépendance, cet après-midi. Les activités reviennent timidement à la normale. Certaines artères importantes sont déblayées. Des camionnettes assurant le trafic interzone sont remarquées dans les rues. Malgré les patrouilles policières, la population reste sur sa garde
JC/Le Nouvelliste
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