Le parquet des Gonaïves divisé sur la condamnation d’Edner Comé

Clifford Brandt/Le Nouvelliste 
La dix-huitième audience du procès de Clifford Brandt et ses acolytes s’est déroulée, le mercredi 3 avril 2019, sur fond de division entre les représentants du ministère public. La condamnation à vie requise dans leur réquisitoire pour Edner Comé, ancien bras droit de Clifford Brandt, est la pomme de discorde. 

En dépit du principe de l’indivisibilité du parquet, les substituts Wilbert Jean-François et Adisson Diogène ne pouvaient pas s’entendre sur leurs conclusions. Dans son intervention, Me Jean-François s’est efforcé de prouver au juge qu’Edner Comé est un accusé. Même si celui-ci n’a jamais été au cabinet d’instruction. D’après le magistrat, dans le cadre du procès, les trois phases de la procédure, à savoir la poursuite, l’instruction et le jugement, sont respectées. Conformément à l’article 293-2 de la loi du 20 mars 2009 sur l’enlèvement, Me Jean-François a renouvelé la demande de condamnation à perpétuité de tous les accusés. 

Intervenant à son tour, Me Diogène qui devrait renchérir s’est catégoriquement opposé aux répliques de son collègue. Se référant à l’article 335 du Code d’instruction criminelle, il a requis le tribunal de renvoyer le cas d’Edner Comé au cabinet d’instruction. Arguant qu’une erreur s’est glissée dans le réquisitoire. « Nous ne sommes pas là pour faire de la démagogie », a soutenu Me Diogène. Deux positions contraires au sein des avocats de la société. Surprise dans l’assistance. Face à cette situation, Me Jean-François a quitté la salle d’audience. Dans l’intention de leur permettre de se concerter, le juge Denis Pierre-Michel a observé une suspension d’audience d’une demi-heure.  

Au retour, seul sur le banc, Me Diogène n’a pas changé de discours. Il a tenu mordicus. Devant la persistance de cette divergence, le chef du parquet, Me Serard Gasius, se voit obligé d’enfiler sa toge pour calmer l’appréhension du public. « Même au péril de notre vie, nous continuerons à nous renfermer dans le réquisitoire. Le ministère public réclame la condamnation à vie de tous les accusés », a-t-il tranché. À la demande de Me Gélin Lemoine, membre du conseil de la défense de Comé, le juge a pris acte de la réquisition de Me Adisson Diogène.

Seuls les avocats de Clifford Brandt ont eu le temps de répliquer aux points de droit défendus par les représentants du ministère public. À la fin de leur plaidoirie ayant duré plusieurs heures, le président du tribunal a renvoyé l’audience au mardi 9 avril 2019. Ce sera l’occasion pour les avocats d’Edner Comé et ceux de Carlo Bendel Saint-Fort et Rico Pierre-Val de produire leurs répliques. 

JC/Le Nouvelliste 

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