La ville des Gonaïves a
été cette semaine en proie à des scènes de violences horribles. Entre des
protestations de rue, des attaques à l’arme blanche et affrontements entre
civils armés, les esprits sont perturbés et choqués. Dans ces troubles, un mort
par balle et quatre blessés graves sont enregistrés. La population redoute la
recrudescence des actes de criminalité qui ont plongé de nombreuses familles
dans le deuil.
La lutte contre le président Jovenel Moïse prend de plus en
plus de l’ampleur. Soutenus par des civils armés, les opposants tiennent
mordicus. Après deux journées de trêve, vendredi 1er novembre 2019, ils ont
foulé le macadam. Au bas de Descahos, zone de résistance, des civils armés se
sont opposés aux manifestants qui sont en majorité des jeunes de Raboteau. Ils
ont accusé ces derniers d’avoir un « comportement incendiaire ». Montée
d’adrénaline. Les deux groupes se sont livrés dans un véritable affrontement.
Les balles fusaient de partout.
Après les échanges, à quelques mètres du commissariat
Toussaint Louverture, le cadavre d’un adolescent tué par balle a été remarqué.
Selon certains, il aurait été à la manifestation. Il aurait eu plusieurs
blessés par balle mais, jusqu’à samedi, un seul a été recensé par un centre
hospitalier de la ville. Des citoyens fracturés ou légèrement blessés au moment
de s’abriter ont été en outre constatés. « Ce vendredi est une journée de
terreur. J’étais à bout de souffle ! », a déclaré une résidente de Descahos. Un
précédent affrontement entre les groupes, le mois écoulé, avait fait au moins
deux blessés par balles.
L’autre scène ayant affolé la communauté est l’attaque à
l’arme blanche perpétrée, mardi 29 octobre 2019, au marché communal. Trois
détaillants qui ont bravé les menaces pour défendre leur pain quotidien ont été
grièvement blessés à coups de machettes. Le présumé auteur de cet acte, Francky
Mergélus qui a eu le temps de regagner son fief à Raboteau, a été appréhendé
par la population et remis à la police. Il aurait reproché aux victimes de ne
pas respecter le mot d’ordre du secteur de l’opposition. « Pandan m ap okipe
zafè m, li ban m yon kout manchèt epi li di : yo pa t di nou pa gen mache jodi
a ? », a expliqué l’une des victimes rencontrées au centre de santé de
Raboteau. Se sentant vulnérables, les marchands ont déserté le centre
commercial. Ils s’étaient réfugiés dans les parages du commissariat.
Les activités ont été timidement reprises, samedi 2 novembre.
Craignant des représailles, très peu de gens ont été remarqués au centre-ville
qui, depuis plusieurs mois, est perçu comme un foyer de violence. En plus des
tensions dues au soulèvement anti-Jovenel Moïse, les bandits armés continuent
de rançonner la population. Dans tous les quartiers, des gens dénoncent cette
situation qui, apparemment, dépasse les autorités concernées.
JC/Le Nouvelliste
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