A l’appel de l’Alternative Consensuelle et de la Table de concertation de l’Artibonite, des milliers de personnes ont manifesté pacifiquement aux Gonaïves, jeudi 5 décembre 2019, pour exprimer leur ras-le-bol et exiger le départ sans condition du président Jovenel Moïse. Selon eux, le chef de l’Etat - indexé dans des actes de corruption - n’a plus de légitimité pour être maintenu au pouvoir. Les protestataires entendent occuper le béton sans relâche jusqu’au 5 janvier 2020, date retenue pour célébrer «l’apothéose».
Aux Gonaïves, c’est la plus grande manifestation pacifique organisée par les opposants depuis le début de l’année 2019. Sous le soleil, visage ruisselant de sueur, les protestataires ont sillonné plusieurs quartiers de la ville. Sur tout leur parcours, aidés d’une fanfare, ils ont scandé énergiquement des slogans hostiles au couple présidentiel. Les manifestants rendent le président responsable de leur misère et de l’instabilité économique et politique à laquelle est confrontée la nation. « Jovenel Moïse est un incapable. Sa démission est indispensable au redressement de la barque », a relaté Quesnel Ledix, membre de la Table de concertation.
Le sénateur Youri Latortue, à la tête de ses sympathisants, a conditionné la fin de la protestation au renversement de Jovenel Moïse. Le président, a-t-il dit, est l’expression probante de la corruption qui gangrène l’administration publique. « Jovenel ne tiendra pas longtemps. Il doit s’expliquer devant la justice pour ses actes de malversation », a indiqué le parlementaire. Il invite ses mandants à tenir haut le flambeau de la mobilisation qui,a-t-il souligné, vise à redonner au pays sa souveraineté.
Le docteur Louis Gérald Gilles, de son côté, conseille au président de faciliter une solution pacifique à la crise. La révolte actuelle, a-t-il fait savoir, est l’ultime occasion de repenser les bases de la société. « Le peuple est sous le joug de ce système d’exploitation depuis plus de deux cents ans. Il est temps qu’il s’en libère ! », a martelé l’ancien parlementaire. Le docteur Gilles a saisi l’opportunité pour demander à la communauté internationale, notamment les Etats-Unis de ne pas s’immiscer dans les affaires internes du pays. Selon lui, la population a la capacité de décider de son avenir.
Plusieurs jeunes participant à la manifestation n’ont pas caché leurs frustrations. Ils ont dénoncé les obstacles auxquels ils font face dans le cadre de leur émancipation. Dans le nouveau système prôné par les protestataires, ces activistes réclament leur intégration. « La situation critique du pays pousse les jeunes à partir massivement à la conquête d’un El Dorado. C’est triste ! En tant que force vive, l’Etat doit les encadrer et leur permettre de contribuer activement au développement du pays », a déclaré Taberneau Louis-Jeune, finissant en relations internationales.
La manifestation a pris fin sans aucun incident majeur. Les policiers ont assumé leur responsabilité. Des opposants de la capitale, dont Rony Timothé et Biron Odigé, ainsi que les parlementaires Nènel Cassy, Ricard Pierre, Saurel Jacinthe et Raynald Exantus étaient aussi présents aux Gonaïves.
Plusieurs militants de Raboteau faisant l’objet de mandats d'amener ont été également remarqués dans la foule.
JC/LE NOUVELLISTE
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