Le 12 mars dernier, aux Gonaïves (nord
d’Haïti), 34 personnes se défoulant dans des bandes de rara ont été tuées par
un autobus d’une compagnie de transport privée. Un peu plus tard, 4 autres fêtards
grièvement blessées ont rendu l’âme à l’hôpital. Des milliers de concitoyens
ont rendu, ce samedi 18 mars 2017, un ultime hommage à ces victimes. En raison
de cette cérémonie éprouvante, la ville a connu une matinée maussade.
Sur la Place d’armes, en face de
la statue de Dessalines, vingt-six des trente-huit cadavres sont exposés avec
des gerbes de fleurs dessus. L’atmosphère est hargneuse. Le vent souffle
tranquillement. Le soleil est comme endormi. Sur le visage altéré des proches, les
larmes coulent à flots. Vocifération. Agitation ! Des voix enrouées et
étranglées par des sanglots résonnent sur le site comme une musique de fond.
Les proches d’un homme ayant
laissé quinze enfants sont insoutenables. Le disparu était le pourvoyeur du
foyer. Deux frères jumeaux tués dans le drame laissent leurs parents dans une
profonde angoisse. Ces réactions éprouvantes ne laissent personne insensible. A
un certain moment, la cérémonie est devenue crispante. Des personnes sont
évanouies. D’autres ne pouvant plus tenir sont emportées par les membres de la
protection civile. La tristesse et l’affliction traversent la foule et planent
sur toute une ville en détresse.
Le célébrant principal,
l’Archevêque Yves Marie Péan, demande aux familles éplorées de se consoler et
de penser également à la fragilité de leur vie. Il a saisi cette occasion
pathétique pour inviter les autorités à prendre des mesures rigoureuses pour éviter
la répétition de ces « évènements dramatiques ».
Abner Georges, porte-parole des parents des victimes, demande
«justice et réparation» pour les victimes. Il demande
aux politiciens malintentionnés de se tenir à l’écart pour ne pas entraver le
travail de la justice. « Les parents ne doivent pas être victimes une
seconde fois », a déclaré le porte-parole. Au nom de toutes les victimes, il réclame
un accompagnement digne. « Si rien n’est fait, des enfants n’iront plus à
l’école. Et, la délinquance juvénile connaitra une hausse », a prévenu M.
Georges.
Dans ses mots de circonstance, le
Chef de l’Etat, M. Jovenel Moise, a renouvelé ses sympathies aux familles affligées.
Il dit s’engager à transformer le secteur du transport haïtien. « Nous ne
pouvons pas laisser mourir tous nos compatriotes dans des accidents de la
route », a indiqué le Président. En outre, il encourage les autorités
judiciaires à mettre les bouchéss doubles en vue d’appréhender l’auteur de « cet
acte criminel ».
Apres la cérémonie, les cadavres
ont été restitués à leurs familles. Les autorités parlent de trente cercueils.
Mais, seulement vingt-six sont remarqués sur l’estrade construite à cet effet.
Jusqu’à présent, le nombre exact des victimes fait polémique dans les
communautés.
JC/Le Nouvelliste
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